Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/441

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leur reprochant d’avoir par leur politique anticléricale ruiné la commune, ils répondirent : nous n’avons pas chassé les moines ; s’ils avaient demandé l’autorisation, nous aurions appuyé leur requête auprès du préfet. Ils se sont révoltés contre la loi ; nous n’y sommes pour rien ; prenez-vous-en à eux.

Et les paysans s’indignèrent, en effet, contre les Bénédictins, voire même contre le curé qui, faute d’argent, ne pouvait secourir les malheureux ; mais leur bête noire fut le P. Paton qui supprima leurs derniers bénéfices, en refusant aux étrangers la permission d’explorer la solitude du cloître ; lui, était peu facile à émouvoir ; il usa cependant d’advertance, en affublant les trois convers qui devaient rester à demeure avec lui dans les bâtiments vides, de costumes civils. Ils dissimulaient, ainsi que Durtal, le grand scapulaire de l’ordre sous les vêtements ; l’un d’eux gardait la porterie et préparait la cuisine du petit camp ; les deux autres travaillaient, en tant qu’ouvriers loués, à la vigne et logeaient dans une dépendance de la maison de M. Lampre. De son côté, Dom Beaudequin habitait chez son ami le curé et le petit frère Blanche avait été recueilli par Durtal.

Mlle de Garambois donnait un coup de main à Mme Bavoil pour les apprêts du déménagement et elles ficelaient les paquets ensemble ; quant à M. Lampre, il faisait la navette entre Dijon et le Val-des-Saints ; il consultait les avoués, les hommes d’affaires, organisait des travaux de défense autour de l’abbaye, la bastionnait de procédure, accumulait les précautions en vue d’une attaque possible.

Les gendarmes ne tardèrent pas, en effet, à arriver ;