Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/448

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sapeurs du génie pour nous frayer un chemin dans le maquis de ce rancart, disait le religieux, en s’époussetant. Et ils redescendaient et devisaient, en ambulant sous les arcades du cloître. Ce moine plaisait à Durtal par sa dignité et sa bonté simple ; avec sa haute taille, son visage basané par le soleil des vignes, ses yeux en eau couleur d’acier que barraient de grandes lunettes aux cercles de corne, il était d’aspect plutôt noueux et dur ; mais une douceur très timide se cachait sous cette enveloppe d’ermite. Durtal se confessait à lui et admirait sa discrétion, sa sagesse, son besoin de s’effacer, son amour vraiment ingénu pour la vierge ; il admirait aussi cette affection toute paternelle qu’il témoignait au petit Blanche. Il eût été son véritable enfant qu’il ne l’eût pas plus attentivement choyé.

Il est juste de dire qu’il eût été difficile de ne pas aimer ce moinillon si naïf, si candide, avec son avenante figure, ses yeux limpides, son rire frais, son allégresse toujours renouvelée de servir le seigneur et d’être Bénédictin ; mais la parfaite innocence de cet enfant, sa piété foncière et tranquille n’excluaient pas une vision très claire des alentours, une observation placide de la vie qu’il exprimait avec une franchise absolue, sans jamais s’inquiéter des ennuis qu’il pourrait avoir.

Et il s’en était attiré du côté du père Emonot qu’il révérait et qu’il approuvait lorsqu’il lui infligeait de longues coulpes pour avoir trop librement parlé.

— Il est très juste, affirmait-il ; il me tombe souvent dessus sans que je sache pourquoi. Il me l’explique et je ne comprends pas toujours bien la gravité de la faute que j’ai commise ; mais du moment que, lui, est sûr