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l’oblat

le lever à deux heures, en pleine nuit, le travail de l’industrie ou le labeur de la terre ; les Bénédictins pouvaient parler, usaient, certains jours, d’aliments gras, couchaient déshabillés, chacun, dans sa cellule, se levaient à quatre heures, se livraient à des travaux intellectuels, besognaient beaucoup plus dans les bibliothèques que dans les comptoirs de marchandises ou dans les champs.

La règle de saint Benoît, si inflexible chez les moines blancs, s’était adoucie chez les moines noirs ; elle s’était aisément pliée aux besoins dissemblables des deux Ordres dont le but n’était pas, en effet, le même.

Les Trappistes étaient plus spécialement préposés aux œuvres de la mortification et de la pénitence et les Bénédictins, proprement dits, au service divin des louanges ; les uns, avaient, en conséquence, sous l’impulsion de saint Bernard, aggravé la règle dans ce qu’elle a de plus strict et de plus dur ; les autres, au contraire, avaient adopté, en les assouplissant, les dispositions si accortes et si indulgentes qu’elle recèle.

Le séjour des retraitants et des hôtes se ressentait forcément de cette différence ; autant la réception à la Trappe avait été taciturne et austère lorsque, pour la première fois, Durtal l’avait visitée, — il y avait déjà de cela dix ans, — afin de se convertir ; autant l’accueil à Solesmes, où il était allé dans le dessein de tâter sa vocation, avait été et disert et clément.

Il avait profité, chez les Bénédictins, du côté bon enfant de leurs observances ; une liberté presque entière lui avait été laissée pour se lever, pour se promener, pour suivre les offices ; il mangeait avec les religieux et non plus, ainsi que chez les Cisterciens, dans une salle