Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/63

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à mon âge, et j’ai plus l’habitude des choses du ménage que ces jeunes gens ; bref, il invente toujours d’excellentes raisons pour s’imposer les corvées les plus humiliantes.

— Il m’édifie profondément, dit à son tour Dom Prieur, quand je le vois avec ses cheveux tout gris rire et s’amuser, au milieu de nos blancs-becs.

— À propos, plaça le père hôtelier qui avait fini de déplorer, avec le prêtre de passage, la mévente des vins, que racontent les journaux ? Parlent-ils encore de nous étrangler dans le piège d’une loi ?

— Mais oui, mon père, répondit M. Lampre. Ils en parlent de plus en plus ; la presse franc-maçonne pousse à la roue ; la persécution diabolique s’approche.

— Bah ! s’exclama, avec une belle assurance, Dom de Fonneuve ; ils n’oseraient pas ; jamais les chambres ne voteront une loi pareille ; toucher aux Ordres religieux, c’est un bien gros morceau et personne n’est de taille à l’avaler. Pour moi, on amuse les badauds avec des menaces qui n’aboutiront point.

— C’est à savoir, répliqua Durtal ; remarquez comme l’attaque à l’église se poursuit, depuis de longues années déjà, avec un acharnement méthodique que rien n’enraye. Le cercle des libertés laissées aux catholiques, se resserre ; l’affaire Dreyfus a avancé les affaires de la maçonnerie et du socialisme de plus de vingt ans ; elle n’a été, en somme, qu’un prétexte pour sauter à la gorge de l’église ; c’est la sortie en armes des juifs et des protestants ; leurs journaux sonnent déjà l’hallali du moine : pensez-vous qu’ils s’arrêteront en si beau chemin ? Et puis, il y a, pour activer le zèle des Loges, un sectaire qui exècre Dieu autant qu’un démon.