Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/114

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Il y avait vraiment une malédiction du Ciel sur les ganaches de sacristie qui n’appréhendaient pas de manier une plume. Leur encre se muait aussitôt en une pâte, en un galipot, en une poix qui engluaient tout. Ah ! les pauvres Saints et les tristes Bienheureuses !

Il fut interrompu dans ses réflexions par un coup de sonnette. Ah ! çà, est-ce que, malgré la bourrasque, l’abbé Plomb viendrait ?

— Et, en effet, Mme Mesurat introduisit le prêtre.

— Baste, fit-il à Durtal qui se plaignait de la pluie, le temps finira bien par se nettoyer ; en tout cas, le rendez-vous n’étant pas décommandé, j’ai tenu à ne point vous faire attendre.

Ils causèrent au coin du feu ; l’intérieur plut sans doute à l’abbé, car il se mit à l’aise. Il se renversa dans un fauteuil, les mains passées dans sa ceinture. Et à une question qu’il posa pour savoir si Durtal ne s’ennuyait pas trop à Chartres, comme celui-ci répondait :

— J’y vis plus lent et cependant moins importun à moi-même, l’abbé reprit :

— Ce qui doit vous coûter, c’est le manque de relations intellectuelles ; vous, qui avez vécu dans le monde des lettres, à Paris, comment vous arrangez-vous pour supporter l’inertie de cette province ?

Durtal rit. — Le monde des lettres ! non, Monsieur l’abbé, ce n’est pas lui que je pourrais regretter, car je l’avais quitté, bien des années avant de venir résider ici ; puis voyez-vous, fréquenter ces trabans de l’écriture et rester propre, c’est impossible. Il faut choisir : eux ou de braves gens ; médire ou se taire ; car leur spécialité c’est de vous élaguer toute idée charitable,