Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/123

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essaimées de leurs cloches, rappellent aux chrétiens, par cette prédication aérienne, par ce rosaire égrené de sons, les prières qu’ils ont ordre de réciter, les obligations qu’il leur faut remplir ; — et au besoin, elles suppléent auprès de Dieu l’indifférence des hommes, en lui témoignant au moins qu’elles ne l’oublient pas, le supplient, avec leurs bras tendus et leurs oraisons de bronze, compensent de leur mieux tant de suppliques humaines plus vocales peut-être que les leurs !

— Avec son galbe de vaisseau, fit Durtal qui s’était approché, pensif, de la fenêtre, cette Cathédrale m’apparaît surtout semblable à un immobile esquif dont les mâts sont les flèches et dont les voiles sont les nuées que le vent cargue ou déploie, selon les jours ; elle demeure l’éternelle image de cette barque de Pierre que Jésus guidait dans les tempêtes !

— Et aussi de l’Arche de Noé, de l’arche sans laquelle il n’est point de sauvegarde, ajouta l’abbé.

Considérez maintenant l’Eglise, dans ses détails ; son toit est le symbole de la charité qui couvre une multitude de péchés ; ses ardoises, ses tuiles, sont les soldats et les chevaliers qui défendent le sanctuaire contre les païens parodiés par les orages ; ses pierres, qui se joignent, diagnostiquent, d’après saint Nil, l’union des âmes, et selon le Rational de Durand de Mende, la foule des fidèles, les pierres les plus fortes manifestant les âmes les plus avancées dans la voie de la Perfection qui empêchent leurs sœurs plus faibles, interprétées par les plus petites pierres, de glisser hors des murs et de tomber ; mais pour Hugues de Saint-Victor, moine de l’Abbaye de ce nom, au XIIe siècle, cet assemblage signifie