Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une Eglise édifiée, dans un autre sens, la fit virer, d’un coup d’épaule, vers le Levant et la remit de la sorte en sa vraie place.

Généralement encore, l’Eglise a trois portails, en l’honneur de la Trinité Sainte ; et celui de la grande façade, de la façade du milieu, qualifié de porche Royal, est divisé par un trumeau, par un pilier, sur lequel repose une statue de Notre-Seigneur qui a dit de lui-même dans les Evangiles : « Je suis la porte » ou de la Vierge si l’Eglise lui est dédiée, ou même du patron sous le vocable duquel elle est fêtée. Tranchée, de cette façon, la porte indique les deux voies que l’homme est libre de suivre.

Aussi dans la plupart des Cathédrales, ce symbole est-il complété par l’image du « Jugement dernier » qui se déroule au-dessus des chambranles.

Il en est ainsi, à Paris, à Amiens, à Bourges. A Chartres, au contraire, le pèsement des âmes est relégué, comme à Reims, sur le tympan du porche Nord ; toutefois il s’étend, ici, dans la rose du portail Royal, contrairement au système adopté au Moyen Age, de faire répéter par les verrières les sujets des portiques qu’elles surmontent, ce qui permettait d’avoir, sur le même mur, les mêmes allégories, l’une, à l’intérieur, en vitre, l’autre, au dehors, en pierre.

— Bien, mais alors comment expliquer, avec cette idée du principe ternaire choisi presque partout, cette étonnante Cathédrale de Bourges, qui, au lieu de trois portails et de trois nefs, en a cinq !

— C’est bien simple, on ne l’explique pas. Tout au plus pourrait-on insinuer que l’architecte inconnu de