Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/137

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discoles de ses cloîtres. Dès qu’elle édifie un mur de clôture, il se fend, et sa base vacille. En somme, la congrégation du Verbe Incarné naquit rachitique et mourut naine. Elle s’est traînée dans l’indifférence générale, a langui jusqu’en 1790, année pendant laquelle on l’inhuma. En 1811, un abbé Denis la ranime dans la Creuse, à Azérables et, depuis cette époque, elle vivote tant bien que mal, éparse en une quinzaine de maisons dont une partie émigrée dans le Nouveau Monde, au Texas.

Il n’y a pas à barguigner, nous sommes loin des puissantes sèves qu’infusèrent aux troncs séculaires de leurs arbres, Sainte Térèse et Sainte Claire !

Sans compter, poursuivit Durtal, que Jeanne de Matel, qui n’est pas canonisée, comme ses deux sœurs, et dont le nom reste inconnu à la majeure partie des catholiques, devait également fonder un ordre d’hommes ; et jamais elle n’y parvint, et les tentatives essayées, à notre époque, par l’abbé Combalot, pour réaliser ce dessein, ont, à leur tour, échoué !

A quoi cela tient-il ? à ce qu’il y a trop de communautés différentes dans l’Eglise ? mais, tous les jours, on en invente et elles grandissent ! Est-ce à la pauvreté de ses monastères ? mais l’indigence est la meilleure garantie de succès, car l’expérience démontre que Dieu ne bénit que les cloîtres dans le dénuement et qu’il délaisse les autres ! Est-ce donc l’austérité de la règle ? mais elle était très douce ; c’était celle de Saint Augustin qui acquiert tous les accommodements, qui revêt, au besoin, toutes les nuances. Les religieuses se levaient à cinq heures du matin ; le régime ne se confinait point dans les plats maigres et, en dehors du temps Pascal,