Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/139

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déplacements, si j’avais le courage de retourner en Hollande, je tâcherais d’exalter en une affectueuse et en une déférente prose, l’adorable Lydwine qui est bien, de toutes les Saintes, celle dont j’aimerais le mieux à propager l’histoire ; mais pour tenter au moins de reconstituer le milieu où elle vécut, il faudrait s’installer dans la ville même qu’elle habita, à Schiedam.

Si Dieu me prête vie, j’exécuterai sans doute ce projet, mais il n’est pas, à l’heure actuelle, mûr ; laissons donc cela — et puisque, d’autre part, Jeannne de Matel ne m’obsède point, mieux vaudrait peut-être alors m’occuper d’une autre moniale plus inconnue encore et dont l’existence est plus placidement souffrante, moins vagabonde et mieux condensée, en tout cas, plus captivante.

Puis, l’on ne peut étudier maintenant la biographie de celle-là que dans l’in-octavo d’un anonyme dont les chapitres incohérents, délayés dans une langue qui poisse comme un mucilage d’huile de lin et de cendre, interdiront à jamais de la connaître. Il y aurait donc intérêt à la reprendre pour la faire lire.

Et, feuilletant ses papiers, il songeait à une Mère Van Valckenissen, en religion Marie-Marguerite des Anges, fondatrice du Prieuré des Carmélites d’Oirschot, dans le Brabant Hollandais.

Cette religieuse naît, le 26 mai 1605, à Anvers, pendant les guerres qui désolent la Flandre, au moment même où le Prince Maurice de Nassau investit la ville. Dès qu’elle sait épeler, ses parents la mettent en pension dans un couvent de Dominicaines, situé près de Bruxelles. Son père meurt ; sa mère la retire de ce couvent, la confie aux Ursulines blanches de Louvain et décède à