Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/152

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un arrêt de croissance de près de deux cents ans.

Le XIVe siècle fut, en effet, agité par d’affreux troubles. Il débute par les ignobles démêlés de Philippe le Bel et du Pape ; il allume le bûcher des Templiers, rissole, dans le Languedoc, les Bégards et les Fraticelles, les lépreux et les Juifs, s’affaisse dans le sang avec les désastres de Crécy et de Poitiers, les excès furieux des Jacques et des Maillotins, les brigandages des Tard-venus, finit par se relever en divaguant et il se reflète alors dans la folie sans guérison d’un Roi.

Et il s’achève, ainsi qu’il a préludé, se tord dans des convulsions religieuses atroces. Les tiares de Rome et d’Avignon s’entrechoquent et l’Eglise, qui subsiste seule debout sur ces décombres, vacille à son tour, car le grand Schisme de l’Occident l’ébranle.

Le XVe siècle apparaît affolé, dès sa naissance. Il semble que la démence de Charles VI se propage ; c’est l’invasion anglaise, le pillage de la France, les luttes enragées des Bourguignons et des Armagnacs, les épidémies et les famines, la débâcle d’Azincourt, Charles VII, Jeanne d’Arc, la délivrance, le pays réconforté par l’énergique médication du roi Louis XI.

Tous ces événements entravèrent les travaux en chantier des Cathédrales.

Le XIVe siècle, en somme, se borne à continuer les édifices commencés pendant le siècle précédent. Il faut attendre la fin du XVe, ce moment où la France respira, pour voir l’architecture s’essorer encore.

Ajoutons que de fréquents incendies consumèrent, à diverses reprises, des parties entières de basiliques et qu’il fallut les reconstruire ; d’autres, comme Beauvais,