Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

long de leurs tiges et elles imitent, à s’y méprendre, les renflements espacés des bambous ; voyez encore la flore murale des chapiteaux et enfin ces clefs de voûte auxquelles aboutissent les longues nervures des arcs. Ici, c’est le règne animal qui paraît avoir inspiré les architectes. Ne dirait-on pas, en effet, d’une fabuleuse araignée dont la clef est le corps et dont les côtes qui rampent sous les voûtes sont les pattes ? l’image est si ressemblante qu’elle s’impose. Mais alors, quelle merveille que cette arachnide géante dont le corps, ciselé tel qu’un bijou et glacé d’or, a sans doute tissé la toile en feu des trois roses !

— Tiens, j’ai omis de vous faire remarquer, dit l’abbé, lorsqu’ils furent sortis de l’église et qu’ils cheminèrent par les rues, le chiffre qui est écrit partout à Chartres. Il est identique à celui de Paray-le-Monial. Ici encore, tout marche par trois. Nous avons trois nefs, trois entrées munies, chacune, de trois portes. Comptez les piliers de la nef, vous en avez deux fois trois, de chaque côté. Les ailes du transept ont également, chacune, trois travées et trois piliers ; les fenêtres sont triples aussi sous le trio des roses. Vous le voyez, elle est imprégnée du souvenir de la Trinité, Notre-Dame !

— Elle est aussi le grand répertoire peint et sculpté du Moyen Age.

— Et elle est encore, de même que les autres Cathédrales gothiques, le recueil le plus complet, le plus certain qui soit du symbolisme, car, en somme, les allégories que nous croyons déchiffrer dans les églises romanes sont souvent apprêtées et douteuses — et cela se conçoit. le Roman est un converti, un païen fait moine. Il