Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/202

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ses idées sur la mystagogie des gemmes, nous découvrons que la chalcédoine, qui pâlit à la lumière et brasille dans la nuit, est le synonyme de l’humilité ; que la topaze coïncide avec la chasteté, et le mérite des bonnes œuvres ; que la chrysoprase, cette reine des minéraux, implique la sagesse et la vigilance.

En remontant moins loin dans les âges, en nous arrêtant à la fin du XVIe siècle, à Corneille de la Pierre, nous relevons, dans son commentaire de l’Exode, de nouvelles interprétations, car il octroie à l’onyx et à l’escarboucle la candeur ; au béryl, l’héroïsme ; au ligure, d’un violet tendre et scintillant, le mépris des richesses de la terre et l’amour des biens du ciel.

— Alors que saint Ambroise fait de cette pierre l’emblème du Sacrement même de l’Eucharistie, jeta l’abbé Gévresin.

— Oui, mais qu’est-ce que le ligure ? demanda Durtal. Conrad de Haimbourg le présente semblable à l’ambre ; Corneille de la Pierre le croit violet, et saint Jérôme laisse entendre que le ligure n’a aucune personnalité, n’est en somme qu’un pseudonyme sous lequel s’abrite l’hyacinthe, image de la prudence avec son eau bleue comme le ciel et ses nuances qui changent. Comment s’y reconnaître ?

— À propos de pierre bleue, n’omettons pas que Sainte Mechtilde voyait, dans le saphir, le cœur même de la Vierge, fit l’abbé Plomb.

— Ajoutons encore, reprit Durtal, que de nouvelles variations sur le thème des gemmes ont encore été exécutées au XVIIe siècle, par une abbesse célèbre de l’Espagne, par Marie d’Agréda, qui rapporte à Notre Mère la vertu