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VIII


Cet état de tranquillité un peu dolente, dans laquelle Durtal reposait depuis son installation à Chartres, cessa brusquement. Un jour, l’ennui s’implanta en lui, l’ennui noir qui ne permet ni de travailler, ni de lire, ni de prier, qui vous accable à ne plus savoir ni que devenir, ni que faire.

Après de lourdes et d’obscures journées traînées devant sa bibliothèque à feuilleter un volume, à le refermer, à en ouvrir un autre dont il ne parvenait pas à comprendre une page, il tenta d’échapper à la lassitude des heures par des sorties et il se résolut enfin à explorer Chartres.

Il y découvrit des ruelles sourdes et des sentes folles, telles que ce chemin du tertre Saint-Nicolas qui dévale du haut de la cité, en une fuite précipitée de marches ; puis le boulevard des Filles-Dieu si désert sous ses allées plantées d’arbres, valait qu’on s’y arrêtât. En partant de la place Drouaise, on arrivait à un petit pont, là où se réunissaient les deux bras de l’Eure ; à droite, c’était, au-dessus de l’eau tournant avec les masures qui côtoyaient ses rives, l’escalade de la vieille ville, hissant