Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/208

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Internée maintenant à Paris dans des égouts, la Bièvre paraissait s’être évadée de ses geôles et s’être réfugiée, afin de vivre au plein air, à Chartres, dans ces rues de la Foulerie, de la Tannerie, du Massacre, envahie par les mégissiers et les chamoiseurs, par les fabricants de mottes..

Seulement, le paysage Parisien, aride et inquiet, touchant par son côté de souffrance muette, n’était plus dans cette ville ; ces rues suggéraient simplement l’impression d’une bourgade malade, d’un village pauvre. Il lui manquait à cette autre Bièvre, la séduction de l’épuisement, la grâce de la Parisienne fanée, salie par la misère ; il lui manquait le charme fait de pitié et de regret, d’une déchéance.

Telles quelles cependant, ces rues, qui dessinaient une sorte de mouvement tournant autour de cette colline sur laquelle s’exhaussait la cathédrale, étaient les seules vraiment curieuses à parcourir à Chartres.

Là, Durtal parvenait souvent à s’éloigner de lui-même, à rêver sur la détresse fatiguée de ces eaux, à ne plus songer à ses propres transes ; puis la lassitude vint de ces promenades assidues dans un même quartier et alors il battit la ville dans tous les sens, tenta de se plaire au spectacle des gîtes usés, aux élégances de la tourelle de la Reine Berthe, de la maison de Claude Huvé, des autres bâtiments qui avaient survécu aux désastres des temps, mais l’entrain qu’il mit à scruter ces restes galvaudés par l’enthousiasme prévu des guides, ne dura guère ; alors il se dispersa dans les Eglises. Encore que la Cathédrale écrasât tout autour d’elle, Saint-Pierre, ancienne abbatiale d’un couvent bénédictin converti en une caserne,