Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/209

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méritait qu’on s’y attardât à cause de la splendeur de ses vitraux habités par des abbés et des évêques qui vous dévisageaient, d’un œil sévère, en tenant des crosses. Et ces fenêtres, avariées par l’âge, étaient bizarres. Leurs ogives de verre incolore étaient traversées, au milieu, par une lame d’épée ayant perdu sa pointe ; et, dans ces glaives carrés, méditaient Saint Benoît et Saint Maur, des Apôtres et des Papes, des Prélats et des saints, se détachant, vêtus de flammes, dans la clarté blanche des vitres.

Vraiment les plus belles verrières du monde étaient à Chartres ; et chaque siècle avait estampé ces sanctuaires de sa plus altière empreinte ; le XIIe, le XIIIe, voire même le XVe, dans la Basilique ; le XIVe à Saint-Pierre — et il subsistait quelques spécimens malheureusement épars et placés sans dessus dessous, de carreaux peints par le XVIe siècle, à Saint-Aignan, une autre Eglise dont la voûte avait été badigeonnée de couleur de pain d’épice granulé d’anis, par les peintres de notre époque.

Durtal tua quelques après-midi dans ces temples, puis l’attrait de ces études prolongées cessa et le spleen s’imposa plus fort.

Pour le distraire, l’abbé Plomb l’entraîna hors de la cité, mais la Beauce était si monotone et si plate qu’aucun incident de site ne pouvait se produire. Alors le prêtre le ramena dans d’autres quartiers de la ville. Parfois certains monuments les requéraient tels que la maison de force située rue Sainte-Thérèse, près du Palais de Justice. A coup sûr, ils étaient peu imposants ces édifices, mais, en raison de leur origine, ils pouvaient servir de tremplins à de vieux rêves. Les murs de la prison avaient