Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/211

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que les mercuriales des blés et les cotes de ces marchés aux chevaux qui réunissent, à certains jours, dans les cafés de la place, tous les maquignons du Perche.

En sus de cette promenade sur les vieux remparts, ce monastère des sœurs de Saint-Paul convenait encore par son calme et sa propreté. Dans de silencieux couloirs l’on apercevait des dos de religieuses, croisés par le triangle blanc d’un linge et l’on entendait le cliquetis de gros chapelets noirs, à chaînons de cuivre se heurtant, sur la jupe, à la trousse pendue des clefs ; la chapelle sentait son Louis XIV, était tout à la fois enfantine et pompeuse, trop glacée d’or et trop parquetée de cire, mais un détail intéressait ; à l’entrée, les murs avaient été remplacés par des glaces sans tain et, l’hiver, dans une salle chaude, les malades pouvaient s’asseoir devant la paroi de verre et suivre les cérémonies et écouter le plain-chant de Solesmes que les religieuses avaient eu le bon goût d’apprendre.

Cette visite raccorda Durtal, mais forcément il compara les heures quiètes égouttées dans ce couvent aux autres et son dégoût s’accrut de cette ville, de ses habitants, de ses avenues, de sa fameuse place des Epars qui joue au petit Versailles avec son cercle d’emphatiques hôtels et sa ridicule statue de Marceau, au centre.

Et la veulerie de cette bourgade qui s’éveillait à peine au lever du soleil et redormait à la brune !

Une seule fois Durtal la vit alerte, ce fut le jour où Mgr Le Tilloy des Mofflaines prit possession de son siège. Alors, subitement dans la ville galvanisée des plans surgirent ; les corps constitués délibérèrent et des gens qui restaient enfermés chez eux depuis des années sortirent.