Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/23

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ne prophétisa point de catastrophes, était aisément accessible aux espoirs et aux joies des foules.

Elle était, en résumé, dans ce sanctuaire, la Vierge pour tout le monde, non plus la Vierge pour les mystiques et pour les artistes, la Vierge pour les quelques uns, de La Salette.

Quel mystère que cette intervention directe de la Mère du Christ ici-bas ! songeait Durtal.

Et il reprit : En y réfléchissant, l’on s’aperçoit encore que l’on peut diviser en deux groupes bien distincts les églises qu’Elle a fondées.

L’un, où elle se présente à certaines gens, où l’eau jaillit, où des cures corporelles sont produites : La Salette, Lourdes.

L’autre, où Elle n’a pas été contemplée par des êtres humains, ou alors ses apparitions remontent à des temps immémoriaux, à des siècles oubliés, à des âges morts. Dans ces chapelles-là, la prière seule est en jeu et Marie les exauce, sans l’aide d’aucune source ; Elle y départit même plus de guérisons morales que de guérisons matérielles : Notre-Dame de Fourvières à Lyon, Notre-Dame de Sous-Terre à Chartres, Notre-Dame des Victoires à Paris, pour en citer trois.

Pourquoi ces différences ? nul ne le comprend et nul, sans doute, ne le saura jamais. Tout au plus, pourrait-on penser que, prenant en pitié l’éternel émoi de nos pauvres âmes si lasses de prier sans jamais rien voir, Elle a voulu raffermir notre foi et aider au recrutement des ouailles, en se montrant.

Dans cet inconnu, poursuivit Durtal, est-il au moins possible de découvrir de vagues repères, de timides règles ?