Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/231

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cessa ; il discernait une fin à ses collisions ; le choix se limitait : ou demeurer à Chartres ou s’en aller à Solesmes ; et, sans arrêt, il se mit à relire, à méditer l’œuvre de Saint Benoît.

Cette règle, qui se compose surtout de paternelles injonctions et d’affectueux conseils, était une merveille de mansuétude et d’adresse. Tous les besoins de l’âme y étaient tracés et les misères du corps prévues. Elle savait si bien, tout en demandant beaucoup, ne pas exiger trop, qu’elle avait pu plier sans se rompre, satisfaire aux nécessités des diverses époques, se conserver au XIXe siècle, telle qu’au Moyen Age.

Puis ce qu’elle était compatissante et sage, lorsqu’elle présageait des débiles et des infirmes. « On servira les malades comme s’ils étaient le Christ en personne », dit saint Benoît ; et le souci qu’il prend de ses fils, les pressantes recommandations qu’il adresse aux abbés, de les aimer, de les visiter, de ne rien négliger pour alléger leurs maux, décèle tout un côté de maternité vraiment touchant chez le Patriarche.

Oui mais… murmura Durtal, il y a, dans cette règle, d’autres articles qui paraissent moins accessibles à des mécréants de ma sorte, celui-ci par exemple : « Que personne n’ait la témérité de donner ou de recevoir quelque chose sans l’autorisation de l’abbé, d’avoir quoi que ce soit en propre, aucune chose absolument, ni un livre, ni des tablettes, ni un poinçon, en un mot rien du tout, puisqu’il ne leur est même pas permis de posséder ni leurs corps, ni leurs volontés. »

C’est le terrible verdict du renoncement et de l’obéissance, soupira-t-il ; seulement, cete loi qui gouverne