Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/240

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prélude par la biographie d’Anne et de Joachim, traduit, en de microscopiques images, les apocryphes. Par déférence, peut-être pour les Livres inspirés, elle rampe le long des murs, se fait petite pour ne pas être trop aperçue, nous relate, comme en cachette, en une curieuse mimique, le désespoir du pauvre Joachim, lorsqu’un scribe du Temple, nommé Ruben, lui reproche d’être sans postérité et repousse, au nom d’un Dieu qui ne l’a point béni, ses offrandes ; et Joachim navré quitte sa femme, s’en va pleurer au loin sur la malédiction qui la frappe ; et un ange lui apparaît, le console, lui ordonne de rejoindre son épouse, qui enfantera de ses œuvres une fille.

Puis c’est le tour d’Anne qui gémit seule, sur sa stérilité, et son veuvage ; et l’ange la visite, elle aussi, lui prescrit d’aller au-devant de son mari, qu’elle rencontre à la porte Dorée. Ils se sautent au cou, retournent ensemble au logis et Anne accouche de Marie qu’ils consacrent au Seigneur.

Des annnées s’écoulent ; l’époque des fiançailles de la Vierge est venue. Le grand Prêtre invite tous ceux qui, nubiles et non mariés, sont issus de la maison de David, à s’approcher de l’autel, une baguette à la main. Et pour savoir quel est celui des prétendants auquel se fiancera la Vierge, le Pontife Abiathar, consulte le Très-Haut qui répète la prophétie d’Isaïe, avérant qu’il sortira de la tige de Jessé une fleur sur laquelle se posera l’Esprit.

Et aussitôt la baguette de l’un d’eux, de Joseph le charpentier, fleurit et une colombe descend du ciel pour se nicher dessus.