Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/245

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comme les verrières des croisées, qu’au dedans, brûlant en de claires flammes, en de pâles saphirs sertis dans des chatons de pierre ; enfin au-dessus de la rose, s’étend la galerie des rois de Juda que domine un pignon dressant son triangle entre les deux tours.

Et les deux clochers dardent leurs flèches ; le vieux, taillé dans un calcaire tendre, squammé d’écailles, s’effusant d’un seul jet, s’effilant en éteignoir, chassant dans les nuages une fumée de prières par sa pointe ; le neuf, ajouré ainsi qu’une dentelle, ciselé tel qu’un bijou, festonné de feuillages et de rinceaux de vignes, monte avec de lentes coquetteries, tâchant de suppléer à l’élan d’âme, à l’humble supplique de son aîné, par de riantes oraisons, par de jolis sourires, de séduire, par de joyeux babils d’enfant, le Père.

Mais, pour en revenir au porche Royal, reprit Durtal, malgré l’importance de sa grande page narrant le triomphe éternel du Verbe, l’intérêt des artistes va forcément au rez-de-chaussée de l’édifice, là où jaillissent dans l’espace compris entre les bases des deux tours, le long du mur et dans l’ébrasement des trois portes, dix-neuf statues colossales de pierre.

A coup sûr, la plus belle sculpture du monde est en ce lieu. Elle se compose de sept rois, de sept Prophètes ou Saints et de cinq Reines. Ces statues s’élevaient autrefois, au nombre de vingt-quatre, mais cinq ont disparu sans laisser de traces.

Toutes sont nimbées, sauf les trois premières qui résident auprès du clocher neuf, et toutes sont abritées sous des dais à claire-voie, délinéant des chaumines et des chapelles, des manoirs et des ponts, dessinant une