Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/283

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le cadre d’une Eglise réelle et inachevée et remplacer les statues par des fleurs — ce qui serait avantageux au point de vue de l’art — ou bien construire compètement un sanctuaire avec des arbres et des plantes.

Il alla chercher une baguette qui traînait dans le champ. Tenez, voici le plan de notre Basilique, fit-il, en dessinant sur le sol les lignes cruciales d’une Eglise.

Je suppose maintenant que nous la bâtissons, en commençant par la fin, par l’abside ; nous y plaçons naturellement la chapelle de la Vierge, ainsi que dans la majeure partie des Cathédrales.

Ici les plantes abondent qui servent d’attributs à notre Mère.

— La Rose mystique des Litanies ! s’exclama Mme Bavoil.

— Heuh ! fit Durtal, la rose fut bien galvaudée. Outre qu’elle fut une des plantes érotiques du Paganisme, au Moyen Age, l’on condamna dans nombre de villes les Juifs et les prostituées à porter, comme signe distinctif de leur infamie, cette fleur !

— Oui, mais, s’écria l’abbé Plomb, Pierre de Capoue lui fait personnifier, en raison de son sens d’amour et de charité, la Vierge ; d’autre part, Sainte Mechtilde déclare que les roses manifestent les Martyrs et, dans un autre passage du livre de la « Grâce Spéciale », elle identifie aussi cette fleur avec la vertu de patience.

— Dans son « Hortulus » Walafrid Strabo avère également que la rose est le sang des Saints suppliciés, murmura l’abbé Gévresin.

— Rosae martyres, rubore sanguinis, voir la Clef de Saint Méliton, confirma le vicaire.