Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Là, je suis dans mon élément ; je ne perds pas pied ainsi que dans vos imitations d’églises…

— Et je vais de mon côté méditer sur la symbolique des comestibles, dit Durtal, qui tira sa montre ; l’heure du déjeuner est proche.

L’abbé Plomb le rappela, tandis qu’il s’éloignait, et riant :

— Dans votre future Cathédrale, vous avez oublié de réserver une niche pour Saint Columban, si tant est que nous puissions l’esquisser par une plante ascétique originaire ou tout au moins voisine de l’Irlande, pays où ce moine est né.

— Le chardon, signe de la mortification et de la pénitence, mémento de l’ascèse, qui domine dans les armes de l’Ecosse, répondit Durtal ; mais pourquoi un autel à Saint Columban ?

— Parce qu’il est le Saint oublié par excellence, le moine le moins invoqué par ceux de nos contemporains qui devraient le harceler le plus. D’après les attributions auxiliatrices d’antan, il est le patron des Imbéciles !

— Bah ! s’écria l’abbé Gévresin ; mais voyons, si jamais homme décela une magnifique intelligence des choses divines et humaines, c’est bien ce grand Abbé, fondateur de monastères !

— Oh ! cela n’implique point que Saint Columban ait eu l’esprit débile ; quant à savoir pourquoi cette mission de protéger la majeure partie des vivants, lui fut plutôt qu’à un autre confiée, je l’ignore.

— Peut-être, parce qu’il a guéri des aliénés et libéré des possédés ? hasarda l’abbé Gévresin.

— En tout cas, proclama Durtal, il serait bien inutile