Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/304

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de luxe, des places réservées près de l’autel, ainsi qu’au théâtre près de la rampe, dans la maison de tous.

Et Durtal ruminait des réflexions qui l’assaillaient chaque fois qu’il regardait une feuille cléricale ou l’un de ces ouvrages précédés, ainsi que d’un permis de visiter, par l’approbation sanitaire d’un prélat.

Et sa surprise ne cessait point de cette ignorance inouïe, de cette haine instinctive de l’art, de cette appréhension des idées, de cette terreur des termes, si particulières aux catholiques.

Pourquoi ? Car enfin, il n’y avait pas de raisons pour que les croyants fussent plus ignares et plus bêtes que les autres ; ce devrait même être le contraire…

Cet état d’infériorité, à quoi tenait-il ? Et Durtal se répondait : au système d’éducation, aux cours de timidité intellectuelle, aux leçons de peur qu’on leur donne dans une cave, loin de la vie ambiante et loin du jour ; il semblait qu’il y eût, en effet, dessein d’évirer les âmes, en ne les nourrissant que de ratatouilles sans suc, que de viandes littéraires blanches, parti pris de détruire, chez les élèves, toute indépendance, toute initiative de l’esprit, en les comprimant, en les planant sous le même rouleau, en restreignant le cercle des pensées, en les laissant dans une ignorance volontaire de la littérature et de l’art.

Tout cela, pour éviter les tentations du fruit défendu dont on évoquait l’image, sous le prétexte d’en inspirer la crainte. A ce jeu, la curiosité de cet inconnu dont il était toujours question en des phrases d’autant plus dangereuses qu’elles produisaient l’effet de gazes plus ou moins transparentes, en restant voilées, troublait les cervelles