Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En agissant ainsi, Elle témoignait de sa résolution d’aguerrir ses enfants, en leur présentant le ridicule et l’odieux des vices qui les assiègent ; c’était, pour parler le langage des classes, la démonstration au tableau et aussi une invite à l’examen de conscience, avant de pénétrer dans le sanctuaire que précédait, ainsi que d’un mémento de confession, l’énuméré des fautes.

Ce plan rentrait dans son système d’éducation, car Elle entendait façonner des âmes viriles, et non des âmelettes comme en modèlent les orthopédistes spirituels de notre temps ; Elle désignait et fouaillait le vice où qu’il se trouvât, n’hésitait pas à promulguer l’égalité des hommes devant Dieu, exigeait que les évêques, que les moines qui défaillaient, fussent exposés ainsi que sur un pilori, dans ses porches ; Elle les étalait même, de préférence aux autres, pour donner l’exemple.

Ces scènes, elles étaient, en somme, une glose du VIe commandement de Dieu, une paraphrase sculptée du catéchisme ; elles étaient les griefs de l’Eglise et ses leçons, mis bien en évidence, à la portée de tous.

Et ces recommandations et ces reproches, notre Mère ne se borna point à les exprimer dans un seul idiome ; Elle emprunta, pour les répéter, la voix des autres arts ; et forcément ce fut la littérature et la chaire qui lui servirent de truchement pour vitupérer les masses.

Et elles ne furent ni moins braves, ni plus prudes que la statuaire ! Il n’y a qu’à ouvrir les Oeuvres Saintes — à commencer par les Livres inspirés, par la Bible que l’on n’ose plus lire qu’en des traductions françaises affaiblies, car quel prêtre se hasarderait, à