Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/309

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recommander aux esprits débilités de ses ouailles, la lecture du XVIe chapitre d’Ezéchiel ou du Cantique des Cantiques, cet épithalame de Jésus et de l’âme ! — jusqu’aux Pères, jusqu’aux Docteurs, pour s’assurer de la violence des mots dont l’Eglise usait pour lacérer le péché de chair.

Comme ils réprouveraient, nos modernes pharisiens, l’intransigeance de saint Grégoire le Grand criant : « Dites la vérité, mieux vaut le scandale que le mensonge » ; la carrure de saint Epiphane discutant la Gnose et dépeignant par le menu les abominations de cette secte, discourant tranquillement devant ses auditeurs :

« Pourquoi craindrais-je d’énoncer ce que vous ne craignez pas de faire ? en parlant ainsi, je veux inspirer l’horreur des turpitudes que vous commettez. »

Que penseraient-ils de saint Bernard, appuyant, dans sa IIIe Méditation, sur d’affreux détails de physiologie pour démontrer l’inanité de nos ambitions corporelles et l’ignominie de nos joies ? de Sainte Hildegarde dissertant, avec quelle placidité ! sur les épisodes variés de la luxure ; de Saint Vincent Ferrier traitant librement dans ses sermons du vice d’Onan et du péché de Sodome, employant des termes matériels, comparant la confession à une médecine, déclarant que le prêtre doit inspecter les urines de l’âme et la purger ? quelle réprobation soulèverait cet admirable passage d’Odon de Cluny, cité par Remy de Gourmont, dans son « Latin Mystique », le passage où ce terrible moine prend les appas de la femme, les retourne, les dépiaute, les rejette, tels qu’un lapin vidé sur l’étal ; — et cet autre de Clément