Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/315

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— Sans doute parce que cette Cathédrale fut gratifiée par l’Empereur Beaudouin, après le sac de Constantinople, du chef de cette Sainte.

Ces dix statues colossales, placées à chacun de ses côtés dans les ébrasements de l’entrée, vous les connaissez, car elles accompagnent notre Mère dans tous les sanctuaires du XIIIe siècle, à Paris, à Amiens, à Rouen, à Reims, à Bourges, à Sens. Les cinq, rangées à gauche, tiennent une image figurative du Fils ; les cinq, disposées à droite, une effigie de Notre Seigneur même.

Ce sont, cantonnées dans l’ordre chronologique, les personnages qui ont prototypé le Messie, ou prophétisé sa Naissance, sa Mort, sa Résurrection, son Sacerdoce éternel.

A gauche : Melchissédech, Abraham, Moïse, Samuel et David.

A droite : Isaïe, Jérémie, Siméon, Saint Jean-Baptiste et Saint Pierre.

— Mais, observa Durtal, pourquoi le fils de Jona est-il au milieu de l’Ancien Testament ? sa place n’est pas là, mais dans les Evangiles.

— Oui, mais considérez que Saint Pierre avoisine dans ce portail Saint Jean-Baptiste, que les deux statues sont côte à côte et se touchent. Dès lors, ne percevez-vous pas le sens que ce rapprochement indique ? l’un a été le précurseur et l’autre le successeur ; le premier anticipe et le second parachève la mission du Christ. Il était naturel qu’on les reliât, qu’on les réunît et que le prince des Apôtres apparût comme une conclusion aux prémisses posées par les autres hôtes du porche.