Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Mais c’est surtout lorsqu’ils abordent sa Passion et sa mort, que les oracles deviennent d’une netteté toute mathématique, d’une clarté inouïe. L’ovation du jour des Palmes, la trahison de Judas et le prix des 30 pièces d’argent sont signalés par Zacharie ; et Isaïe prend à son tour la parole et décrit les opprobres, les hontes du Calvaire. Entendez-le : Il a été couvert de plaies pour nos iniquités et il a été brisé pour nos crimes… Dieu l’a chargé de toutes nos fautes et il l’a frappé à cause des crimes de son peuple… il est devenu le dernier des hommes, un homme de douleur et tout défiguré… il a été conduit à l’occision, comme un agneau, comme une brebis qui est muette devant celui qui la tond…

Et David renchérit sur l’affreuse scène : « Il est plus semblable à un ver qu’à un homme, l’opprobre des hommes et le rebut du peuple… »

Puis, les détails se multiplient. Voilà que les plaies des mains surgissent dans Zacharie ; que David énumère, mot à mot, les épisodes de la Passion, les mains et les pieds percés, le partage des habits, la robe tirée au sort. Les huées des Juifs l’invitant à se sauver Lui-même, s’il est le Fils de Dieu, sont spécifiées dans le chapitre II du livre de la Sagesse et dans l’œuvre de David ; le fiel, le vinaigre présentés sur la croix, le cri même de Jésus rendant l’âme sont consignés dans les Psaumes.

Et là ne s’arrête pas l’ensemble des Révélations consenties par le Vieux Livre.

La mission prophétique est menée jusqu’au bout ; l’établissement de l’Eglise substituée à la Synagogue est également prédit par Ezéchiel, Isaïe, Joël, Michée, et la messe, le sacrifice eucharistique formellement auguré