Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/354

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se lisait cette inscription, en lettres blanches : « O Marie conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à vous. »

Il regardait, surpris de n’aviser personne, de ne rien entendre, mais Mme Bavoil l’appela d’un signe, contourna la maison, l’introduisit dans une sorte de vestibule le long duquel serpentait une vigne, emmaillotée de gaze, et de là dans une petite chapelle où elle s’agenouilla, sur les dalles.

Durtal humait, mal à l’aise, la tristesse qui s’épandait de ce sanctuaire nu.

Il était dans un édifice de la fin du XVIIIe siècle ; au milieu, précédé de huit marches, posait un autel en bois ciré de la forme d’un tombeau, muni d’un tabernacle couvert d’un rideau broché de soie, et paré d’un tableau de l’Annonciation, une peinture, aux tons flasques, tendue dans un cadre d’or.

A gauche et à droite, deux médaillons en relief se faisaient pendant, Saint Joseph d’un côté et Sainte Térèse de l’autre ; et, au dessus du tableau, près du plafond, se détachaient les armes sculptées des Carmels : un écu avec croix et étoiles, sous une couronne de Marquis traversée par un bras brandissant un glaive, maintenu par de gras angelots, tels qu’en enfla la statuaire de ce temps, et sillonné en l’air, d’une banderole arborant la devise de l’ordre : « Zelo, zelatus sum, pro Domino Deo exercituum. »


Enfin, à droite de l’autel, la grille en fer noir de la clôture se creusait dans le mur taillé en ogive et, sur les marches de l’autel, en deçà de la rampe de communion, émergeait, sous un dais doré, une irritante statue de