Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/376

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assermentés de l’Eglise, nous découvrons quoi ? Hélas ! la situation est au premier abord telle : Signol est mort, mais Olivier Merson nous reste ; c’est le néant sur toute la ligne. Mieux vaudrait donc se taire, si subitement l’idée n’était venue à un éditeur bien pensant de mobiliser les forces du parti clérical pour faire acclamer, comme peintre d’un renouveau chrétien, James Tissot, dont la biographie de Notre-Seigneur est une des œuvres les moins religieuses qui soient ; et, en effet, son Christ fleure je ne sais quelle odeur de protestantisme, quel relent de temple, — pis même, — car dans cet ouvrage Il n’est plus qu’un homme. Il y a certainement maldonne ; ces aquarelles, ces croquis, devraient illustrer la vie de Jésus de Renan et non les Evangiles.

Sous prétexte de réalité, de renseignements pris sur les lieux, de costumes authentiques, le tout fort discutable, puisqu’il faudrait admettre que, depuis dix-neuf siècles, en Palestine, rien n’a changé, M. Tissot nous a présenté la mascarade la plus vile que l’on ait encore osé entreprendre des Ecritures. Voyez cette dondon, cette fille de la rue qui, éreintée de crier : « A la moule, à la barque ! » se trouve mal, c’est le Magnificat, c’est la Sainte Vierge ; ce môme épileptique qui bat l’air avec ses bras, c’est l’Enfant au Temple ; ces larves qui veillent auprès d’un médium en transe, ces apparitions que l’on pourrait croire issues des agissements de la sorcellerie et des pratiques du spiritisme, ce sont des Anges assistant le Sauveur. — Voyez le Baptême du Messie, le Pharisien et le Publicain, le Massacre des Innocents, voyez tout le côté ganache et mélo de son Calvaire, voyez-les toutes, ces planches, elles sont d’une platitude,