Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/382

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du talent au moins. Et il se mit à feuilleter dans ses cartons, regarda les lithographies de Charles Dulac.

Ce peintre s’était révélé avec une suite de paysages, d’une nature idéalisée, encore hésitante, pleine de bassins agrandis et de futaies dont les feuillages étaient pareils à des tignasses brouillées par un coup de vent ; puis il avait entrepris une interprétation du Cantique du Soleil et des Créatures et, en neuf planches tirées en des états différents de tons, il avait efflué ce sentiment mystique qui demeurait encore latent et confus en son premier recueil.

La définition un peu fatiguée que le paysage est « un état d’âme » s’adaptait cependant très justement à cette œuvre ; l’artiste avait imprégné de sa foi ces sites, copiés sans doute sur nature, mais vus surtout, en dehors des yeux, par une âme éprise, chantant dans le grand air, le cantique de Daniel et le psaume de David, redits par Saint François, et, répétant, à son tour, après eux, ce thème que les éléments doivent célébrer la gloire de Celui qui les créa.

Parmi ces planches, il en était deux vraiment expansives, celle désignée par ce titre : « Stella matutina », l’autre, par cette indication : « Spiritus sancte Deus », mais une troisième, la plus ample, la plus délibérée, la plus simple de toutes, celle inscrite sous l’intitulé : « Sol Justitiae » résumait mieux encore l’apport personnel de ce peintre.

Elle était ainsi conçue :

Un paysage blond, clair, transparent, fuyait à l’infini, un paysage de péninsule, d’eau solitaire, sillonné de plages, de langues de terre plantées d’arbres que