Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/387

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pour Fortunat Amalaire, le corps de l’instrument est la bouche du liturge et le marteau, sa langue.

En somme la cloche est la messagère de l’Eglise, la voix du dehors, comme le prêtre est la voix du dedans, se dit Durtal.

Tout en se ratiocinant ces réflexions, il avait atteint la Cathédrale et, pour la centième fois, sans se lasser, il admirait ces puissants contreforts d’où s’élançaient, avec la marche courbe des fusées, des arcs-boutants en demi-roues ; et toujours il s’étonnait de l’ampleur de ces paraboles, de la grâce de ces trajectoires, de la tranquille énergie de ces souples étais ; seulement, pensait-il, en inspectant la balustrade plantée au-dessus d’eux tout le long du toit de la nef, seulement l’architecte qui s’est borné à frapper, ainsi qu’à l’emporte-pièce, des arcs trilobés dans ces parapets de pierre, fut moins bien inspiré que d’autres maîtres maçons ou peyriers qui ont su cerner les chemins de ronde qu’ils dressaient autour des faîtes d’Eglises, d’images scripturaires ou de symboles. Tel celui qui bâtit la Basilique de Troyes où la galerie aérienne est un découpage alterné de fleurs de lys et de clefs de Saint Pierre ; tel celui de Caudebec qui cisela le garde-fou de lettres gothiques, d’où un aspect décoratif charmant, répétant les antiennes de la Vierge, ceignant d’une guirlande de prières l’église, lui plaçant sur la tête la blanche couronne des oraisons.

Durtal quitta le côté Nord de la Basilique chartraine, côtoya le porche Royal et franchit le coin de l’ancien clocher ; il lui fallait, d’une main, retenir son chapeau, boutonner, de l’autre, son pardessus dont les basques affolées lui claquaient les jambes. La tempête soufflait en