Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/400

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la niaiserie, à la rengaine des Jean de Dieu, des Legros, des Tuby, des Mazières, à la froide et païenne sculpture du XVIIe et du XVIIIe siècle, se relevait dans les huit derniers groupes, en face de la Vierge du Pilier, en des silhouettes découpées par des élèves de Soulas ; mais celles-là étaient en quelque sorte perdues, car elles étaient placées dans l’ombre et il était presque impossible, en cette agonie de lumière, de les juger.

Devant ce pourtour si plaisant par places, si malséant par d’autres, Durtal ne pouvait s’empêcher d’évoquer le souvenir d’une œuvre similaire mais plus complète — car celle-là n’avait pas été modelée par plusieurs siècles et déformée par des dissidences de talent et d’âge ; — cette œuvre résidait à Amiens et, elle aussi, servait de clôture extérieure au chœur de la Cathédrale.

L’histoire de la vie de Saint Firmin, premier évêque et patron de la ville, et le récit de l’invention et de l’illation de ses reliques par Saint Salve, se déroulaient en des séries de groupes et redorés et repeints ; puis suivait, pour achever le contour du sanctuaire, la biographie du second protecteur d’Amiens, Saint Jean-Baptiste, et, dans la scène du Précurseur baptisant le Christ, apparaissait, déployant un linge, un ange blond, ingénu et fûté, l’une des plus adorables figures séraphiques que l’art flamand de France ait jamais ou sculptées ou peintes.

Cette légende de Saint-Firmin était racontée, de même que celle de la naissance de la Vierge à Chartres, en des chapitres scindés de pierre, surmontés, eux aussi, de pyramides gothiques et de clochetons ; et, dans celui de ces compartiments où Saint Salve, entouré de tout un peuple, aperçoit des rayons qui jaillissent d’un nuage