Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/416

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qui, dans les psaumes, ravage la vigne du Seigneur ; le renard qualifié de persécuteur hypocrite par Pierre de Capoue, de suppôt de l’hérésie par Raban Maur ; les autres fauves ; puis le pourceau, le crapaud, engin des maléfices, le bouc, portrait de Satan même, le chien, le chat, l’âne sous la forme desquels le Diable s’ébruite dans les procès de sorcellerie du Moyen Age ; la sangsue honnie par l’anonyme de Clairvaux ; le corbeau qui sortit de l’arche et ne revint pas ; il exprime la malice et la colombe qui revint, la vertu, dit saint Ambroise ; la perdrix qui, d’après le même auteur, dérobe et couve des œufs qu’elle n’a pas pondus.

Si l’on en croit Théobald, le Démon est encore relayé par l’araignée, car elle craint le soleil autant que le Malin craint l’Eglise et elle tisse plus volontiers sa toile, la nuit que le jour, imitant en cela Satan qui attaque l’homme, lorsqu’il le sait endormi, sans force pour se défendre.

Enfin le Prince des Ténèbres est également parodié par le lion, par l’aigle, pris alors dans un déplorable sens.

Le même fait se reproduit dans la faune expressive et dans la symbolique des couleurs et des fleurs, songeait Durtal ; toujours la double face ; les deux significations opposées existent presque constamment dans la science des hiéroglyphes, sauf cependant dans la branche des gemmes.

C’est ainsi que le lion défini par sainte Hildegarde de « figure du zèle de Dieu », que le lion, image du Fils devient, chez Hugues de Saint-Victor, l’emblème de la cruauté. Se basant sur le texte des psaumes, les physiologues l’identifient à Lucifer. Il est, en effet, le lion qui cherche à ravir les âmes, le lion qui se jette sur sa victime ;