Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/421

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et son regard foudroie, un regard, dit le roman d’Alexandre, « si pénétratif que, sur toutes bêtes venimeuses et autres, il est pestilentiel et mortel ». Il est vrai que son souffle n’est ni moins périlleux, ni moins fétide, car « de son haleine sont toutes choses infectées et, en mourant, lorsqu’il la veut dégorger, il est si puant que toutes autres bêtes le fuient… »

Son adversaire le plus redoutable est la belette qui l’égorge, bien qu’elle soit « petite bête comme un rat » ; ainsi Dieu n’a rien fait sans cause et sans remède, conclut le pieux auteur du Moyen Age.

Pourquoi la belette ? Rien ne nous l’apprend ; est-elle au moins cette bestiole qui rendait un pareil service, honorée par nos pères d’un favorable sens ? Pas du tout.

Elle est un spécimen de la dissimulation, de la dépravation et elle s’apparie à la vie dégoûtante des baladins. A mentionner aussi que ce carnassier qui était présumé concevoir par la bouche et enfanter par l’oreille, est classé parmi les animaux impurs de la Bible.

Cette homéopathie zoologique est un peu incohérente, pensa Durtal, à moins que l’acception similaire prêtée à ces deux animaux se combattant, ne veuille dire ceci : que le Démon se dévore lui-même.

Vient ensuite le phénix « un oisel, très bel en ses plumes, qui ressemble au paon, est moult solitaire et vit de graines de frène » ; il a, de plus, une livrée de pourpre surdorée et parce qu’il est censé renaître de ses cendres, il particularise invariablement la Résurrection du Christ.

Puis la licorne qui fut une des plus étonnantes créations du naturalisme mystique.