Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/422

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« Elle est une bête très cruelle qui a le corps grand et gros, en façon d’un cheval ; sa défense est une corne grande et longue de demi-toise, si pointue et si dure qu’il n’est rien qui, par elle, n’en soit percé… Quand on la veut prendre, on fait venir une pucelle au lieu où l’on sait que la bête repaît et fait son repaire. Si la licorne la voit et qu’elle soit pucelle, elle va se coucher en son giron sans aucun mal lui faire et, là, s’endort ; alors viennent les veneurs qui la tuent… Aussi, si elle n’est pas pucelle, la licorne n’a garde d’y coucher, mais tue la fille corrompue et non pucelle. »

D’où il ressort que la licorne est une des références de la chasteté ; au même titre qu’un animal bien surprenant aussi, dont nous entretient saint Isidore, le porphyrion.

Celui-là possède un pied en patte de perdrix et un autre palmé comme celui d’une oie ; son originalité consiste à pleurer l’adultère et à aimer son maître d’un tel amour qu’il meurt de compassion sur son sein, lorsqu’il sait que sa femme le trompe. Aussi, ce que cette espèce, n’a point tardé à s’éteindre !

Voyons, il nous reste encore des êtres fabuleux à répartir, murmura Durtal, en fouillant, de nouveau, dans ses papiers.

Il trouvait la wivre, sorte de Mélusine, moitié femme et moitié serpent, une bête très cruelle, pleine de malice et sans pitié, assure saint Ambroise ; le manicore qui a la face d’un homme, les yeux pers, la crinière cramoisie d’un lion, une queue de scorpion et un vol d’aigle ; celui-là est insatiable de chair humaine ; le léoncrotte, issu de l’hyène mâle et de la lionne, nanti d’un corps