Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/438

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de dragon, est indiquée, dans le texte original, par des termes différents ; et tantôt ces vocables déterminent le serpent et le crocodile et tantôt le chacal ou la baleine ; enfin la fameuse licorne, l’unicorne des Ecritures, n’est autre que le bœuf primitif, l’auroch sculpté sur les bas-reliefs assyriens et dont la race se meurt, reléguée maintenant dans le fond de la Lithuanie et du Caucase.

— Et le behemot et le léviathan quementionne Job ?

— Le mot behemot est le pluriel d’excellence de l’hébreu. Il marque une bête prodigieuse, énorme, telle que le rhinocéros ou l’hippopotame. Quant au léviathan, il est une sorte de reptile démesuré, de boa gigantesque.

— Tant pis, s’écria Durtal, la zoologie imaginative était plus drôle ! Tiens, quel est ce légume ? fit-il en goûtant d’une purée bizarre d’herbes.

— Ce sont des pissenlits hachés et cuits, liés par un jus de lardons, répondit Mme Bavoil ; aimez-vous ce mets, notre ami ?

— Certes. Ils sont aux épinards et aux chicorées cultivées, vos pissenlits, ce que le canard sauvage est au canard domestique et le lièvre au lapin ; et c’est vrai cela, les plantes potagères sont d’habitude plates et fades, tandis que celles qui poussent en pleine liberté ont une saveur astringente, une cordiale amertume ; c’est de la venaison d’herbages que vous nous offrez là, Madame Bavoil !

— Je pense, dit l’abbé Plomb, qui réfléchissait, je pense que l’on pourrait, ainsi que nous l’avons tenté, un jour, pour la flore mystique, dresser une liste des péchés capitaux, composés par des bêtes.

— Evidemment —