Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/446

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qu’il s’agit d’un bref séjour dans un couvent de Bénédictins, voilà que je tremble, que je me cabre !

Ce désarroi est puéril ; hé, pas tant que cela, se dit-il, soudain. En me rendant à Notre-Dame de l’Atre, j’étais assuré de n’y pas permaner puisque je n’aurais pu supporter plus d’un mois le dur régime ; je n’avais donc rien à craindre, tandis que, dans une abbaye Bénédictine où la règle est plus complaisante, je ne suis pas certain de ne pouvoir m’y échouer.

Dès lors… eh bien mais, tant mieux ! car enfin il faudrait, une bonne fois, se délimiter, savoir ce qu’on a dans le ventre, s’assurer du plus ou moins de valeur de ses échéances, du plus ou moins d’énergie de ses aptitudes et de ses liens.

Il y a quelques mois, j’aspirais à l’existence conventuelle, cela est sûr, et aujourd’hui, je doute. J’ai des élans abortifs, des menées proditoires, des velléités qui ratent, des souhaits qui tournent court ; je veux et je ne veux pas. Il serait pourtant nécessaire de s’entendre ; mais à quoi cela sert-il de se faire le puisatier de son âme, car j’ai beau descendre dans la mienne, je n’y découvre que le vide obscur et que le froid ?

Je commence à croire qu’à force de scruter ces ténèbres, je deviens ainsi que l’enfant qui fixe avec des yeux ouverts dans la nuit, le noir ; je finis par me créer des fantômes, par me forger des paniques ; c’est bien le cas pour cette excursion à Solesmes, car rien, absolument rien, ne peut justifier mes transes.

Que tout cela est bête et ce qu’il serait plus simple de se laisser vivre et surtout de se laisser conduire !

J’y suis, fit-il, après réflexion ; la cause de ces brigues