Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/450

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femme, tandis que gisent auprès d’eux une quenouille brisée et une bouteille vide.

En fait de bêtes infernales, tout au plus, en se décarcassant le col, discernait-il dans la baie de droite deux dragons, l’un exorcisé par un moine, l’autre bridé, avec une étole, par un Saint.

En fait de bêtes divines, il distinguait dans la série des Vertus des femmes qu’accotaient des animaux symboliques : la Docilité accompagnée par un bœuf ; la Chasteté par un phénix ; la Charité, par une brebis ; la Douceur par un agnel ; la Force par un lion ; la Tempérance par un chameau. Pourquoi le phénix signifie-t-il, ici, la Chasteté, car il n’est généralement pas chargé de cet emploi par les Volucraires du Moyen Age ?

Et un peu dépité par l’indigence de la faune chartraine, il se consola, en inspectant le porche du Sud ; il servait de pendant à celui du Nord et répétait avec une variante le sujet du portail Royal : la glorification du Christ mais alors dans ses fonctions de Juge suprême, et dans la personne de ses Saints.

Commencé à l’époque de Philippe-Auguste et aux frais du comte de Dreux et d’Alix de Bretagne, son épouse, ce porche qui n’avait été terminé que sous le règne de Philippe le Bel se divisait, ainsi que les deux autres, en trois parties : une baie médiane, racontant, sur son tympan en ogive, la scène du Jugement dernier — puis, une baie à gauche, consacrée aux Martyrs — enfin, une autre à droite, dédiée aux Confesseurs.

La baie centrale imitait la forme d’une barque, dressée debout, la poupe en bas et la proue en l’air ; ses flancs évasés apostaient, sur leurs cloisons, six Apôtres, de