Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/454

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nom de Nathanaël dont les trois autres Evangiles ne parlent point.

Y a-t-il dès lors identité entre ces deux Apôtres ? cela paraît à peu près sûr et saint Bernard présume que ce Barthélémy ou ce Nathanaël était l’époux des noces de Cana.

Quelle fut son existence ? il aurait parcouru l’Arabie, la Perse, l’Abyssinie, aurait baptisé les Ibères, les peuplades du Caucase et ainsi que saint Thomas, les Indes, mais aucun document authentique ne le prouve. Suivant les uns, il aurait été décollé ; d’après les autres, il aurait été écorché vif, puis crucifié à Albane, près de la frontière de l’Arménie.

Cette dernière opinion qu’adopta le Bréviaire romain a prévalu ; aussi fut-il choisi pour patron, par les bouchers qui écorchent les bêtes, par les mégissiers, les peaussiers, les cordonniers, les relieurs qui travaillent le cuir, voire même par les tailleurs, car les Primitifs le peignent excorié d’une moitié du corps et tenant sa peau sur son bras comme un habit.

Plus étrange et plus confus encore est saint Jude. Il s’appelait également Thaddée et Lebbée et était fils de Cléophas et de Marie, sœur de la Vierge ; il fut, dit-on, marié et il eut des enfants.

Les Evangiles le citent à peine mais insistent pour qu’on ne le confonde pas avec Judas — ce qui eut lieu, du reste — et, à cause même de sa similitude de nom avec le traître, pendant le Moyen Age, les chrétiens le renient et les sorciers l’implorent.

Il se tait dans les Livres Saints, ne sort de son mutisme que pour poser pendant la réunion de la Cène une question