Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/467

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les intrigues de Byzance, la simonie des siens.

Il surgit au fond des âges, dans un sabbat de schismes qui vocifèrent et on l’aperçoit aussi, au milieu de ces tourmentes, abritant contre la rapacité des riches les pauvres qu’il nourrit de sa main et dont il baise les pieds chaque jour ; et, dans cette existence surmenée, sans un moment de détente, il parvient à restaurer la discipline monastique, à semer partout où il le peut le germe Bénédictin, à sauver le monde qui s’égare par la vigie des cloîtres.

S’il ne fut pas martyrisé comme saint Clément, il mourut cependant pour le Christ d’épuisement et de fatigue, ayant vécu dans la continuelle souffrance d’un corps miné par les maladies, débilité par les macérations volontaires et par les jeûnes.

C’est sans doute pour cela que la face de sa statue est si pensive et si triste, se dit Durtal ; et pourtant, elle écoute la colombe, symbole de l’inspiration, qui lui chuchote à l’oreille, lui dicte, d’après une ancienne légende, les mélodies de l’antiphone, et lui souffle certainement aussi ses dialogues, ses homélies, ses commentaires sur le livre de Job, son pastoral, toutes ses œuvres dont le retentissement fut immense au Moyen Age.

Et, en retournant vers son logis, Durtal, songeant encore au défilé de ces Justes, se fit tout à coup cette réflexion : il manque à Chartres le portrait d’un Saint dont l’assistance fut jadis plus que celle de tout autre enviée, saint Christophe qui se tenait d’habitude à l’entrée des cathédrales, juché seul, en un lieu à part.

Tel il saillait naguère à l’entrée de Notre-Dame de Paris et tel il s’exhibe encore, en un coin de la façade