Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/472

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énumérer encore ? — celles de mon esprit ? elles me semblent moins affligeantes et plus sûres et je puis en établir un rapide inventaire disposé en trois colonnes : Passé, Présent et Avenir.

Passé. — Alors que je n’y pensais guère, à Paris, Dieu m’a subitement saisi et il m’a ramené vers l’Eglise, en utilisant pour me capter mon amour de l’art, de la mystique, de la liturgie, du plain-chant.

Seulement, durant le travail de cette conversion, je n’ai pu étudier la mystique que dans des livres. je ne la possédais donc qu’en théorie et nullement en pratique ; d’autre part, je n’ai écouté à Paris qu’une musique plane, affadie, délayée dans des gosiers de femmes ou complètement défigurées par des maîtrises : je n’ai assisté dans la majeure partie des églises qu’à des déteintes de cérémonies, qu’à des décomptes d’offices.

Telle était la situation lorsque je suis parti pour la Trappe ; en cet ascétère, je vis alors non plus simplement la mystique, racontée, écrite, formulée en un corps de doctrine, mais bien encore la mystique expérimentale, mise en action, vécue naïvement par des moines. Je pus me certifier que la science de la Perfection de l’âme n’était pas un leurre, que les assertions de sainte Térèse et de saint Jean de la Croix étaient exactes et il me fut également permis dans ce cloître de me familiariser avec les délices d’un rite authentique et d’un réel plain-chant.

Présent. — A Chartres, je suis passé à de nouveaux exercices, j’ai suivi d’autres pistes. Hanté par l’inégalable splendeur de cette cathédrale, j’ai, sous l’impulsion d’un vicaire très intelligent et très instruit, abordé la