Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/487

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— Nous prierons de toutes nos forces, notre ami, afin que Dieu vous instruise, vous indique votre vocation, vous guide, lui-même, dans la voie que vous devez suivre.

— J’espère, Monsieur l’abbé, que, pendant mon absence, vos rhumatismes vous laisseront un peu de répit, fit Durtal, en serrant la main du vieux prêtre.

— Oh ! il ne faut pas souhaiter de ne plus du tout souffrir, répliqua l’abbé, car il n’est si lourde croix que de n’en point avoir. Aussi, faites comme moi ou plutôt mieux que moi qui geins encore ; prenez gaiement votre parti de vos sécheresses, de vos épreuves. Adieu, que le Seigneur vous bénisse !

— Et que l’Aïeule des Madones de France, que la Dame de Chartres vous protège ! ajouta Mme Bavoil qui, lorsque la porte fut fermée, soupira :

— Certainement, j’aurai bien gros cœur s’il quitte pour jamais notre ville, car il est un peu notre enfant, cet ami-là ; mais ce que je serais tout de même heureuse, s’il devenait un vrai moine !

Et elle se mit soudain à rire.

— Père, fit-elle, est-ce qu’on lui coupera la moustache, s’il entre dans un cloître ?

— N’en doutez pas.

Elle tenta un effort pour se préciser Durtal glabre et elle conclut, en riant :

— J’ai idée que cette rasure ne l’avantagera guère.

— Ces femmes, dit l’abbé, en haussant doucement les épaules.

— Enfin, reprit-elle, que devons-nous augurer de ce voyage ?