Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/49

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— Jamais on ne vous a refusé l’hospitalité ?

— Jamais ; il est vrai que j’étais peu exigeante ; en voyage, je sollicitais simplement un morceau de pain et un verre d’eau — et, pour reposer, une botte de paille, dans l’étable.

— Et le père, comment l’avez-vous connu ?

— C’est toute une histoire ; imaginez que le Ciel me priva, par pénitence, de la communion, pendant un an et trois mois, jours pour jours. Lorsque je me confessais à un abbé, je lui avouais mes relations avec Notre-Seigneur, avec la Vierge, avec les Anges ; aussitôt il me traitait de folle quand il ne m’accusait pas d’être possédée par le démon ; en fin de compte, il refusait de m’absoudre ; bien heureuse encore lorsqu’il ne me fermait pas brutalement, dès les premiers mots, le guichet du confessionnal, au nez.

Je crois bien que je serais morte de chagrin, si le Sauveur n’avait pas fini par avoir pitié de moi. Un samedi que j’étais à Paris, Il m’envoya à Notre-Dame des Victoires où le père était prêtre habitué. Lui, m’écouta, me soumit à de rudes, à de longues épreuves, puis il me permit de communier. je retournai souvent le voir, en qualité de pénitente, puis la nièce qui tenait son ménage étant entrée en religion, je l’ai remplacée et voilà déjà près de dix ans que je suis sa gouvernante…

A plusieurs reprises, elle avait complété ces renseignements. Depuis qu’elle ne vagabondait plus à l’étranger et en province, elle fréquentait à Paris les pèlerinages qui avaient lieu en l’honneur de la Sainte Vierge et elle nommait les sanctuaires achalandés : Notre-Dame des Victoires, Notre-Dame de Paris. Notre-Dame de Bonne-