Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/67

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Il est, en un mot, le déploiement de l’âme dont l’architecture romane énonce le repliement. C’est là, pour moi du moins, la signification précise de ces styles, s’affirma Durtal.

Ce n’est pas tout, reprit-il ; l’on peut encore déduire de ces remarques une autre définition :

Le Roman allégorise l’Ancien Testament, comme le Gothique le Neuf.

Leur similitude est, en effet, exacte, quand on y réfléchit. La Bible, le livre inflexible de Jéhovah, le code terrible du Père, n’est-il pas traduit par le Roman dur et contrit et les Evangiles si consolants et si doux, par le Gothique plein d’effusions et de câlineries, plein d’humbles espoirs ?

Si tels sont ces symboles, il semble alors que ce soit bien souvent le temps qui se substitue à la pensée de l’homme pour réaliser l’idée complète, pour joindre les deux styles, ainsi que le sont, dans l’Ecriture Sainte, les deux Livres ; et certaines cathédrales nous offrent encore un spectacle curieux. Quelques unes, austères, dès leur naissance, s’égaient, se prennent à sourire dès qu’elles s’achèvent. Ce qui subsiste de la vieille église abbatiale de Cluny est, à ce point de vue, typique. Elle est à coup sûr, avec celle de Paray-le-Monial restée entière, l’un des plus magnifiques spécimens de ce style roman Bourguignon qui décèle malheureusement, avec ses pilastres cannelés, l’affligeante survie d’un art grec, importé par les Romains en France. Mais, en admettant que ces basiliques, dont l’origine peut se placer entre 1000 et 1200, soient, en suivant les théories de Quicherat qui les cite, purement romanes,