Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/69

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A Paray, le plein-cintre s’harmonise déjà avec l’ogive qui s’affirme dans les cimes de l’édifice et annonce, en somme, une ère d’âme moins plaintive, une conception plus affectueuse, moins rêche du Christ, qui prépare, qui révèle déjà le sourire indulgent de la Mère.

Mais, se dit tout à coup Durtal, si mes théories sont justes, l’architecture qui symboliserait, seule, le Catholicisme, en son entier, qui représenterait la Bible complète, les deux Testaments, ce serait ou le Roman ogival ou l’architecture de transition, mi-romane et mi-gothique.

Diantre, fit-il, amené à une conclusion qu’il n’avait pas prévue ; il est vrai qu’il n’est peut-être point indispensable que le parallélisme ait lieu dans l’église même, que les Saintes-Ecritures soient réunies en un seul tome ; ainsi, ici-même, à Chartres, l’ouvrage est intégral, bien que contenu en deux volumes séparés, puisque la crypte sur laquelle la cathédrale gothique repose est romane.

C’est même, de la sorte, plus symbolique ; et cela confirme l’idée des vitraux dans lesquels les prophètes soutiennent sur leurs épaules les quatre écrivains des Evangiles ; l’Ancien Testament sert, une fois de plus, de socle, de base, au Neuf.

Ce Roman, quel tremplin de rêves ! reprenait Durtal ; n’est-il pas également la châsse enfumée, l’écrin sombre destiné aux Vierges noires ? cela paraît d’autant moins indécis que les Madones de couleur sont toutes grosses et trapues, qu’elles ne se joncent point telles que les Vierges blanches des gothiques. l’Ecole de Byzance ne comprenait Marie que basanée, « couleur d’ébène grise luysante », ainsi que l’écrivent ses vieux historiens ; seulement