Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/84

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pour être vues dans un cadre que l’on a détruit, dans un milieu qui n’est plus ; elles étaient entourées de maisons dont l’allure s’accordait avec la leur ; aujourd’hui, elles sont ceinturées de casernes à cinq étages, de pénitenciers mornes, ignobles ; — et partout, on les dégage, alors qu’elles n’ont jamais été bâties pour se dresser, isolées sur des places ; c’est, de tous les côtés, l’insens le plus parfait de l’ambiance dans laquelle elles furent élevées, de l’atmosphère dans laquelle elles vécurent ; certains détails, qui nous semblent inexplicables dans quelques uns de ces édifices, étaient sans doute nécessités par la forme, par les besoins des alentours ; au fond, nous ne savons rien, … rien.

— En tout cas, dit Durtal, l’archéologie et l’architecture n’ont exécuté que des besognes secondaires ; elles nous ont révélé simplement l’organisme, le corps des cathédrales, qui nous en dira l’âme ?

— Qu’entendez-vous par ce mot ? demanda l’abbé Gévresin.

— Je ne parle pas de l’âme du monument, au moment où, avec l’assistance divine, l’homme la créa ; cette âme, nous l’ignorons et encore pas pour Chartres, puisque de précieux documents nous la racontent ; mais de l’âme qu’ont gardée les autres églises, de l’âme qu’elles ont maintenant et que nous contribuons à entretenir par notre présence plus ou moins assidue, par nos communions plus ou moins fréquentes, par nos prières plus ou moins vives ?

Prenons Notre-Dame de Paris ; elle a été rafistolée et retapée de fond en comble ; ses sculptures