Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dôme, les autres aplatis et coiffés d’une gelée rosâtre et tremblotante, ceux-ci striés de rayures brunes, ceux-là éventrés et montrant des chairs épaisses d’un jaune soufre. Cette rue justifiait bien son joyeux nom. Tandis que je regardais de tous mes yeux et me demandais si j’allais entrer dans un bal ou dans un concert, je me sens frapper sur l’épaule et j’aperçois un mien ami, un peintre, à la recherche de types fantasques. Enchantés de nous retrouver, nous voguons de conserve, remontons la rue et entrons dans un bal. Quel singulier assemblage que ces bals d’ouvriers ! Un mélange de petites ouvrières et de nymphes saturniennes, soûles pour la plupart et battant les murs ; des mères de famille avec de petits bébés qui rient et sautent de joie, de braves ouvriers qui s’amusent pour leur argent, et de vils proxé-