Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/138

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toits des maisons, errer dans les rues de Paris, famélique, hagard, grelottant, en arrêt devant les marchands de beuverie, caressant, de convoiteux regards, la panse monacale des bouteilles.

Je crois te voir, exténué de fatigue, las de misère, te tapir dans un des repaires de la cour des Miracles, pour échapper aux archers du guet, et là, seul dans un coin, ouvrir, loin de tous, le merveilleux écrin de ton génie.

Quel magique ruissellement de pierres ! Quel étrange fourmillement de feux ! Quelles étonnantes cassures d’étoffes rudes et rousses ! Quelles folles striures de couleurs vives et mornes ! Et quand ton œuvre était finie, quand ta ballade était tissée et se déroulait, irisée de tons éclatants, sertie de diamants et de trivials cailloux, qui en faisaient mieux ressortir encore la limpidité se-