Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/151

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il, comment vous portez-vous ? » Notre peintre, qui, pour beaucoup de raisons, ne s’entendait jamais appeler sans effroi, regarda timidement son interlocuteur et reconnut M. de Vermandois, un riche seigneur qui, le premier, lui avait payé en reluisants ducatons un de ses petits chefs-d’œuvre, alors qu’il fuyait la maison de son maître. « Il est charmant, ce tableau ! reprit le gentilhomme ; je l’achète ; le prix que vous fixerez sera le mien, apportez-le-moi demain matin. » Puis, comme la pluie avait cessé, il sortit, faisant de la main à Brauwer un geste amical.

Tout joyeux de cette aubaine, le peintre fit frémir d’un coup de poing les brocs et les verres qui couvraient la table et redemanda de la bière. « Hé ! que dis-tu de cela, Joseph ? s’écria-t-il, nous sommes riches, livrons-nous à de