Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/176

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mençait à se désespérer quand un bâillement se fit entendre, un bruit retentit, le bruit d’un corps sautant à terre, et une jeune fille parut dans le cercle que son œil pouvait embrasser. Il reçut un grand coup dans l’estomac et manqua défaillir. C’était elle et ce n’était pas elle ; c’était une Française qui ressemblait, autant que peut ressembler une Française à une Chinoise, à la fille jaune dont le regard l’avait bouleversé. Et pourtant c’était bien le même œil câlin et profond, mais la peau était terne et pâle, le rouge de la bouche s’était amorti ; enfin, c’était une Européenne ! Il descendit l’escalier précipitamment. « Ophélie a donc une sœur ? dit-il à la concierge. — Non. — Mais elle n’est pas Chinoise alors ? La concierge éclata de rire. « Comment, pas Chinoise ! ah çà ! est-ce que j’ai une figure comme elle, moi qui